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THOMAS GODARD : Le Brexit, où en est-on ?

Le Brexit, où en est-on ?

Depuis, le déclenchement de la procédure liée à l’Article 50, le 29 mars 2017, le Royaume-Uni et l’Union européenne négociaient un « accord de retrait » portant principalement sur trois points : le règlement des engagements financiers pris par le Royaume-Uni (la « facture »), les droits des citoyens européens au R-U et britanniques dans l’UE, et l’absence de frontière physique entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande. L’adoption de cet accord de retrait devait ouvrir une « période de transition » jusqu’au 31 décembre 2020, durant laquelle les deux parties étaient censées négocier leur « relation future ».

Comme les médias du monde entier s’en sont fait l’écho, le Parlement britannique a rejeté trois fois cet accord de retrait à de très larges majorités. C’est principalement la question de la frontière en Irlande du Nord qui a posé problème chez les conservateurs, en raison du fameux backstop (filet de sécurité). Celui-ci prévoyait qu’en cas d’absence d’accord sur la relation future à l’issue de la période de transition, le Royaume-Uni resterait dans une union douanière avec l’UE et l’Irlande du Nord s’alignerait sur le marché unique, au grand dam des plus fervents Brexiters.

Afin d’éviter un Brexit sans accord, le Conseil européen du 10 avril a donc allongé la procédure de l’article 50 jusqu’au 31 octobre 2019.

Que se passe-t-il maintenant ?

Étant toujours membre de l’UE, le R.-U. est dans l’obligation d’organiser des élections européennes : elles auront lieu le jeudi 23 mai. Le nouveau Brexit Party de Nigel Farage risque d’y faire un tabac. Officiellement, néanmoins, le gouvernement prétend vouloir éviter que les députés élus lors de ce scrutin aillent siéger au parlement européen, en faisant passer un accord de retrait avant le début de la nouvelle session parlementaire européenne en juillet. Pour cela, ayant pris acte du refus de sa majorité de droite (conservateurs + unionistes nord-irlandais) de voter pour son accord, Theresa May a ouvert des négociations avec les travaillistes afin de trouver un compromis.

Ces négociations peuvent-elles aboutir ?

Mieux vaut se garder de toute prédiction tant nous allons de rebondissement en rebondissement, mais, malgré les fuites qui font état d’avancées, cela paraît assez peu probable. D’abord parce que certaines des exigences du Labour (union douanière avec l’UE, alignement continu sur les normes européennes en matière de droit du travail) trouveraient une opposition très large chez les conservateurs. De même, si ce compromis n’est pas soumis à un référendum confirmatoire (catégoriquement refusé par Theresa May), un très grand nombre de travaillistes voteront contre. Il est possible que si jamais les deux partis arrivaient à trouver un compromis, celui-ci n’obtiendrait pas de majorité au parlement. Et si jamais le compromis obtenait une telle majorité, il faudrait peut-être que ce soit grâce à davantage de voix travaillistes que conservatrices, ce qui serait dévastateur auprès de l’électorat pro-européen du Labour. Enfin, même si un compromis était trouvé, et qu’il obtenait une majorité, il faudrait aussi qu’il soit approuvé par l’UE, ce qui n’est pas garanti. En attendant, aucun des deux partis ne veut endosser la responsabilité d’un échec des négociations ; elles continuent donc, peut-être jusqu’aux élections européennes.

Si les négociations avec les travaillistes échouent, Theresa May n’aura plus beaucoup de cartes en main. Les élections locales du 2 mai ont été une déroute totale pour les conservateurs, et le scrutin européen du 23 mai, qui s’annonce tout aussi dévastateur, pourrait finir de saper le peu d’autorité qu’il lui reste sur sa majorité depuis qu’elle a promis de partir une fois son accord adopté par le parlement. Néanmoins, les statuts du parti conservateur empêchent sa majorité de la remplacer avant décembre 2019. Il faudrait donc soit qu’elle démissionne, mais le parti risque de se déchirer sur le choix de son successeur entre soft Brexiters et hard Brexiters, soit que son gouvernement soit renversé par une motion de censure, mais cela déclencherait des élections législatives qui pourraient donner une majorité à Corbyn, ce que redoutent plus que tout les conservateurs. L’impasse reste donc totale dans la majorité et au gouvernement.

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